Луи Виардо - Письма (1850-1854) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

12 (24) июия 1850. Париж

Paris.

Lundi, 24 juin 1850. Je ne veux pas quitter la France1, mon cher et bon ami, sans vous avoir dit combien je vous aime et vous estime, et combien je regrette la necessite de cette separation. J'emporte de vous le souvenir le plus affectueux; 'j'ai su apprecier l'excellence et la noblesse de votre caractere, et, croyez-moi, je ne me sentirai veritablement heureux que quand je pourrai de nouveau, a vos cotes, le fusil a la main parcourir les plaines bien-aimees de la Brie. J'accepte votre prophetie; je veux y croire 2. La patrie a des droits sans doute; mais la veritable patrie n'est-elle pas-la ou on a trouve le plus d'affection, ou le coeur et i'esprit se sentent plus a l'aise? Il n'y a pas d'endroit sur la terre que j'aime a l'egal de Courtavenel. Je ne saurais jamais vous dire combien j'ai ete touche de tous les temoignages d'amitie que j'ai recus depuis quelques jours; je ne sais vraiment pas par quoi je les ai m'rites; mais ce que je sais, c'est que j'en garderai le souvenir dans mon coeur aussi longtemps que je vivrai. Vous avez en moi, mon cher Viardot, un ami devoue a toute epreuve. Allons, vivez heureux; je vous souhaite tout ce qu'il y a de bon au monde. Nous nous reverrons un jour; ce sera un jour heureux pour moi, et qui me dedommagera amplement de toutes les tristesses qui m'attendent. Je vous remercie de vos bons conseils et vous embrasse avec effusion.

Soyez heureux, mon bon et cher Viardot, et n'oubliez pas votre ami

J. Tourgueneff.

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