Полине Виардо - Письма (1850-1854) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

20 февраля (4 марта) 1853. Спасское

Spasskoie,

се 20 fevrier 1853.

Chere et bonne Madame V<iardot> - j'ai appris par nne lettre de la p-sse Mestcherski1 le depart de votre mari - et par "L'Abeille du Nord" le jour de votre benefice2 - je vous avoue, sans vouloir vous faire le moindre reproche, que j'eusse prefere savoir tout cela par vous.-- Mais vous vivez dans un tourbillon, qui prend tout votre temps - et pourvu que vous ne m'oubliez pas - je ne demande rien.-- Votre pauvre mari n'a donc pas ete en etat de resister au climat de P<etersbour>g - il faut esperer qu'il se porte parfaitement a l'heure qu'il est.-- La p-sse M<estcherski> m'ecrit aussi que vous avez l'intention de demeurer a Moscou dans la maison d'une princesse Galitzine3 - est-ce vrai? - L'argent que je dois a votre mari: 150 r<oubles> arguent) pour le fusil, 400 pour la pension de la petite jusqu'au 1-er mars 1854 et 35 r<oubles> arg<ent> (142 frs 45 cent.) qu'il avait depenses en plus. de ce que je lui avais envoye - en tout 585 r<oubles> arg<ent> - sera chez moi dans trois jours - je vous l'enverrai mardi prochain, c'est a dire le 24 fevrier - et vous l'aurez a Petersbourg avant votre depart pour Moscou4. N'oubliez pas, s'il vous plait, de me donner votre adresse a Moscou - et surtout n'oubliez pas mon photographe.

Je suis tres content que vous ayez fait la connaissance de la p-sse M<estcherski>.-- Sous une enveloppe un peu anglaise et devote elle cache un coeur tres devoue et tres aima rit,-- Et puis elle a beaucoup d'esprit et du plus fin. Vous avez decidement fait sa conquete, malgre quelques preventions qu'on lui avait donnees contre vous et que votre premier abord a dissipees.-- Elle a ete de tout temps tres bonne envers moi - et c'est peut-etre la seule personne sur laquelle je puisse compter serieusement a Petersbourg.

Je n'ai vraiment aucune nouvelle a vous donner de moi - ma sante est passable - et je travaille beaucoup.-- Le degel a interrompu toute espece de communication - et je oe vois absolument personne.-- Heureusement les journaux arrivent quoique plus tard que de coutume.-- Je fais aussi beaucoup de lectures.

Je compte recevoir une lettre dimanche et je vous ecrirai un peu plus au long mardi. - C'est demain l'anniversaire de la mort de Gogol - et il ne veut pas me sortir de la tete. Je crains de mettre un peu de tristesse dans ma lettre et je prefere l'interrompre.-- Adieu chere et bonne amie - je vous baise les mains avec tendresse - et vous souhaite tout le bonheur imaginable.

Votre

J. Tourgueneff.

P. S. Vous ne revenez pas a Petersbourg l'hiver prochain? - Dites-le moi aussi.

On viendra de ma part chez vous a Moscou pour prendre le fusil - si vous l'emmenez avec vous - ou bien - expediez-le par le comptoir Iazykoff.-- Vous recevrez l'argent de la meme facon que vous avez recu la petite boite en mosaique.

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