Полине Тургеневой - Письма (1855--1858) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

27 марта (8 апреля) 1858. Вена

Vienne,

се 8 avril 1858.

Chere Paulinette, Je suis ici depuis hier et je me hate de t'annoncer mai arrivee. J'ai trouve tes deux lettres qui m'attendaient 1 la poste restante. Je commence par te tranquilliser sur mos retour a Paris; il a ete retarde - mais sois bien sure que je ne m'en irai pas clandestinement en Russie sans te dire adieu et t'embrasser; il ne faut pas que tu te fasses de matt vais sang ladessus. Je serai a Paris vers la fin de ce mol ou dans les premiers jours de mai - tu peux compter iaj dessus. Ton affection pour moi me fait bien du plaisiji seulement l'inquietude d'esprit dans laquelle tu te trouvai a reagi sur ton orthographe, qui est devenue encore pljg extraordinaire. - Voyons, Paulinette est-ce une si difficffl chose? - Par le temps qui court, une jeune fille de 16 ffil qui ecrit: "si cela t'arrivais, cela me ferai", etc. est un etl exceptionnel. J'entends dire que tu travailles bien depqj quelque temps et qu'on est content de toi; j'en suis fol heureux - mais je te conjure de concentrer un peu ton attention; prends l'habitude de reflechir, mon enfant; c'el bien indispensable dans la vie. Insister tant sur l'orthographe a l'air d'une petitesse; mais outre qu'on a parfaitemejj le droit de juger de l'education de quelqu'un par la maniai d'ecrire - on a bien raison de supposer que si l'attention fait defaut dans les petites choses - elle doit etre encore bien plus faible dans les grandes. En un mot - faire des fautes d'orthographe - est malpropre; c'est comme si tu te mouchais avec tes doigts. En voila assez - et je t'embrasse pour que tu ne boudes pas.

J'espere que mon petit cadeau t'a ete remis1. Tu as eu bien raison de te consoler de n'etre pas allee au bal; crois-moi - tu ne perdras rien pour attendre un peu.

Travaille bien maintenant; soigne ton piano - ferme; nous nous amuserons plus tard. Je resterai ici trois semaines2; ecris-moi a Vienne en Autriche - poste restante.

Salue de ma part Mme Harang; si tu vois Mlle Artot, rappelle-moi a son souvenir. Mille bonnes choses aux familles Troubetzkoi et Viardot. Je t'embrasse de tout mon c?ur.

Ton pere

J. Tourgueneff.

P. S. Sois tranquille a l'endroit du chapelet, j'en apporte un, aussi beni que possible.

2 P. S. Je rouvre cette lettre pour te donner une nouvelle qui te sera agreable-- j'en suis sur: je serai a Paris le 18, c'est-a-dire dimanche prochain. A bientot donc, je t'embrasse sur tes grosses joues.

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