Полине Виардо - Письма (1855--1858) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

12, 14 (24, 26) декабря 1858, С.-Петербург

St. Petersbourg,

ce 12/24 decembre 58.

Il y aura dans trois jours ua mois que je suis ici, chere et bonne Madame Viardot - et imaginez-vous, je n'ai pas encore bouge de ma chambre - et je ne sais pas quand il me sera permis de mettre le nez dehors. Je suis voue a toutes sortes de maladies extraordinaires.-- Je souffre maintenant d'une espece d'irritation au gosier, qui m'empeche non seulement de parler - de chuchoter; le moindre effort produit une toux convulsive. - C'est fort ennuyeux et me rend sinon maussade, au moins missmuthig... Cela a fait que je n'ai pas repondu jusqu'a present a la lettre de Viardot de Pesth, avec le petit mot que vous y avez ajoute1. J'ai tellement tarde a le faire que je ne vous suppose plus a Pesth et que j'envoie cette lettre rue de Douai, ne sachant pas ou vous etes, ni ce que vous comptez faire pendant Phiver.

Je m'etais trompe en vous ecrivant que la Gde Duchesse Helene avait quitte Petersbourg2; elle est ici et reste ici jusqu'au printemps; mais il parait que vous avez definitivement abandonne toute idee de voyage en Russie: vous n'etes pas meme allee a Varsovie, J'espere vous voir au mois de mai ou de juin a Londres, si mon irritation passe d'ici la.

Mon ami Annenkoff a lu a tous mes confreres reunis le petit roman que j'ai ecrit cet ete3 - et je puis dire que le succes a ete grand4 ; reste a savoir ce que dira le public.

Les questions de reforme, d'ameliorations sont plus que jamais a l'ordre du jour ici; l'Empereur tient bon, malgre les'obstacles qu'on lui suscite; on vient de permettre aux journaux de traiter la question du rachat, seule solution possible. La litterature ou plutot la presse vient de subir une assez forte bourrasque; ni les ecrivains, ni ceux qui les jugent ne sont encore habitues aux allures de la publicite; c'est encore l'Empereur qui empeche la reaction de devenir trop forte - aussi sommes-nous tous devenus plus gouvernementaux que jamais.

J'ai envoye 1000 francs a Paulinette - avec cet argent elle aura de quoi payer les avances faites par Mme Harang; quant aux 25 000 francs que je lui destine dans le courant de cet hiver, ils ne seront prets qu'au mois de fevrier5.-- Ecrivez-moi, je vous prie, ou sera Viardot entre le 15 fevrier et le 15 mars? - a Paris? - Et vous-meme, ou serez-vous?

L'opera n'est pas tres frequente cette annee; Mme Bosio est toujours aimee du public, Tamberlick a beaucoup baisse. On donne du Verdi; on vient de monter "Le Comte Ory" avec Calzolari6. Un tragedien negre., du nom de Aire-Oldridge donne des representations qui plaisent enormement; - il joue "Othello", "Le Roi Lear", "Le Marchand de Venise"7. La maison Wielhorski s'est ecroulee8 - le Cte Matthieu9 vit tres retire. Je vous dis tout cela par oui-dire, car je ne quitte pas ma chambre.

Le 14/26 decembre.

Je vais mieux depuis deux jours et mon docteur, qui vient de me quitter, me promet que je pourrai sortir dans quelques jours.-- Cette perspective a dissipe mes blue devils - et j'espere que la premiere lettre que je vous ecrirai sera un peu plus animee que celle-ci.

Il parait que le Cte Matthieu se dispose a aller a Paris.

Je crains, d'apres les lettres de Paulinette, qu'elle ne fasse un peu trop la grande et qu'elle ne travaille pas assez.-- Ayez la bonte de la chapitrer sur ce texte.

A bientot.-- Portez-vous bien et ne m'oubliez pas.-- Mille choses a Viardot (auquel j'ecrirai l'un de ces jours) - a Mme Garcia, mille baisers aux enfants, surtout a Didie.-- Je vous serre cordialement les deux mains.

Votre

J. Tourgueneff.

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