Полине Виардо - Письма 1859-1861 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

1(13) февраля 1859. Петербург St. Pêtersbourg, 1/13 fêvrier 59. Eh bien, chère et bonne Madame Viardot, il paraît que notre correspondance ne va plus du tout? J'avoue que j'ai fait le paresseux; - pourtant, il me semble que vous me devez une rêponse et que c'est moi qui ai êcrit la dernière lettre1.-- Je sais par les journaux que vous avez chantê à Londres - vous y êtes, peut-être, encore2 - cependant, je crois plus sûr d'êcrire à Paris.-- Donnez-moi de vos nouvelles, je vous en supplie; il m'est vraiment trop pênible de ne plus savoir ce que vous faites, comment vous vivez. - Voyons, prenez une feuille de papier, une plume, asseyez-vous et êcrivez.

Je vais vous donner de mes nouvelles.-- Ma santê est bonne; je sors beaucoup, mais je ne frêquente assidûment qu'une seule maison - celle de la C-sse Lambert (je crois vous avoir parlê de cette charmante femme3; elle n'est plus jeune, ses cheveux sont plus gris que les miens - mais il est impossible d'avoir le cœur et l'esprit plus {Далее зачеркнуто: jeunes (молодые).}... tiens, il n'y a pas de bonne êpithète qui puisse s'appliquer êgalement bien à l'esprit et au coeur; enfin, elle les a excellents).

Elle a bien voulu me prendre en amitiê - et je passe presque toutes mes soirêes chez elle.-- Je vais assez rarement au thêâtre i on y donne du Verdi ou bien du Flotow4 - vous conviendrez que c'est peu attrayant.-- Pourtant, on a donnê dernièrement "Don Juan"ê; l'exêcution a êtê mauvaise, mais il n'y a pas de mauvaise exêcution qui puisse tuerie chef-d'œuvre.-- Il faut, à ce propos, que je vous conte une idêe (!) de Mr Sabourof, le plus inepte des directeurs passês, prêsents et... futurs, allais-je dire, mais non; on ne saurait rêpondre de rien dans ce siècle de progrès: dans la scène du cimetière, à chaque rêponse de la statue - on allume un feu de bengale vert (pourquoi pas rose?) dans la coulisse, ce qui donne à toute la scène un air fin de ballet, ou Vauxhall6 - à donner des envies de bâtonner V ingênieux directeur, qui ose ainsi attenter à la poêsie d'une des plus grandes choses au thêâtre. A propos de thêâtre, notre grand comique Martinoff - (je vous assure qu'il mêrite ce nom) - s'est essayê dernièrement dans un rôle presque tragique avec un succès immense7; je n'ai pas pu m'empêcher d'aller l'embrasser dans sa loge; èa a êtê une vraie rêvêlation8. Tous les grands artistes doivent nêcessairement avoir ces deux cordes à leur arc; ils prêtendent à la reprêsentation de la vie - où le comique et le tragique sont encore plus mêlangês que dans les drames de Shakespeare9.

Je dois vous dire - (parce que je vous dis tout) que le roman que je viens de publier dans le "Contemporain" - sous le titre d'"Un Nid de Gentilhomme" a un très grand succès10, ce qui me rêjouit fort, mais ce qui me met dans la nêcessitê de faire ce que les Russes nomment - une figure d'oie. Tout le monde se croit obligê de me faire des mamours: - et moi de rêpondre par un sourire satisfait et niais.-- Enfin, si le succès n'avait que ces dêboires-là - on s'y rêsignerait facilement.-- Si Dieu nous prête vie - à Viardot et à moi - et s'il veut bien consentir à se charger d'une besogne aussi ingrate, nous traduirons le "Nid" dans un autre nidll - vous comprenez que je parle de Cour-tavenel, où je compte bien passer une partie de l'automne. Quand je pense que je vous reverrai - peut-être - dans trois mois... {Далее зачеркнута немецкая фраза, не поддающаяся прочтению.} Je me rappelle que dans ma dernière lettre je vous avais posê la question suivante: Où serez-vous le 1-er mai?12 - Vous ne m'avez pas rêpondu - et pourtant je tiens à avoir une rêponse claire et nette.-- Je vous rêitère ma demande - et j'attends.

La grande question de l'êmancipation marche, marche toujours - comme le Juif Errant; j'ai pris mes mesures - et dès à prêsent je puis dire que la question est rêsolue quant à mes paysans et à moi13.

J'ai fait la connaissance de Mme Nêvêdomska, la nièce de Mr Lvoff14, dont vous m'aviez parlê avec êloge.-- Elle a un grand sentiment musical, elle vous adore - mais je ne crois pas que sa voix puisse jamais acquêrir de la souplesse. Il y a un proverbe russe qui dit: Quand le temps des fraises est passê, à quoi bon aller au bois.-- Mme N(êvêdomska) en est arrivêe au temps des mûres. Viardot ferait un calembour là-dessus15.

Une lettre, au nom de Dieu! - Si vous saviez combien je pense à vous! - Mille amitiês à tout le monde; je baise avec tendresse vos chères mains {Далее зачеркнута фраза, не поддающаяся прочтению.}.

J. T.

Mon adresse: Grande Rue des Ecuries, maison Weber, n°34 {Далее зачеркнута фраза, не поддающаяся прочтению.}.

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