Гюставу Флоберу - Письма 1862-1864 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

6(18) апреля 1863. Париж

Paris.

Rue de Rivoli, 210.

Ce 6/18 avril 1863.

Mon cher confrère, Je n'ai pas besoin, je l'espère, de vous dire combien votre seconde lettre m'a fait de plaisirl - et plus que du plaisir ... Si je ne vous ai pas répondu sur-le-champ - c'est que j'ai eu à me dépêtrer d'une foule de désagréables petites affaires qui m'ont rendu maussade et paresseux à la fois. Ces misères durent encore - mais j'ai conscience d'attendre plus longtemps. J'ai compté et je compte encore sur votre indulgence - et je veux surtout vous dire merci et vous serrer la main.

Je suis très heureux de votre approbation et vous devez en être persuadé: je sais bien qu'un artiste et un homme bienveillant comme vous lit entre les lignes d'un livre une foule de choses, dont il sait généreusement gré à l'auteur: mais c'est égal. Des éloges venant de vous valent de l'or - et je les empoche avec orgueil et reconnaissance2.

Ne nous verrons-nous pas dans le courant de l'été? Une heure de bonne et franche causerie vaut cent lettres. Je quitte Paris dans huit jours pour aller m'établir à Bade. N'y viendrez-vous pas? Il y a là des arbres comme je n'en ai vu nulle part - et tout en haut des montagnes. C'est vigoureux, jeune - et c'est poétique et gracieux en même temps. Cela fait beaucoup de bien aux yeux et à l'âme. Quand on est assis au pied de l'un de ces géants, il vous semble que vous lui prenez un peu de sa sève - et c'est bien bon et bien utile. Vrai, venez à Bade, ne fût-ce que pour quelques jours. Vous en rapporterez de fameuses couleurs pour votre palette.

Vous recevrez avant mon départ un livre de moi qu'on achève de publier3. Je vous bourre - mais il y a de votre faute.

Mille amitiés, portez-vous bien, travaillez, et venez à Bade.

Tout à vous

J. Tourguéneff.

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