Луи Поме - Письма 1862-1864 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

3(15) мая 1863. Баден-Баден

Bade, ce 15 mai 1863.

Schillerstrasse, 277.

Eh bien, mon cher ennemi enraciné1, vous aussi vous vous permettez d'être malade, à ce que nous a dit Mlle Berthe, que nous avons vue arriver hier? Heureusement qu'elle a ajouté que vous alliez mieux: nous aurions été inquets sans cela. Rappelez-vous qu'il faut nous arriver ici fort et superbe - digne enfin de jouer Agamemnon et tous les autres puissants rôles qu'on vous prépare2.

Du reste, si vous vous conduisez mal à Paris, Mme Viardot ne se conduit guère mieux ici: vous savez l'accident qui lui est arrivé3. Je renonce à vous dépeindre la terreur que nous avons ressentie. Dieu merci, il ne reste presque plus de trace de l'affreux coup qu'elle a reèu. A cela près, nous sommes ici en plein paradis: pays ravissant, temps ravissant, humeur ravissante, et j'ai trouvé un petit appartement ravissant4 où je compte bien vous donner une soirée ravissante. Il ne manque que vous - ceci est très sérieux - on pense bien souvent à vous et un coin du salon de Mme Viardot a été surnommé coin Pomey5. C'est celui où l'on se tient d'habitude.

Je vous envoie ci-joint un petit mot pour Charpentier6, libraire, quai de l'Ecole, 28. Il vous remettra quatre exemplaires de mon livre7. Le premier est naturellement pour vous; le deuxième pour Pietsch8 le troisième pour Lindau le quatrième pour le père Richard. Espérons que la lecture de ce petit volume ne sera pas une corvée d'ami.

Je vous serre cordialement la main et vous prie de croire à ma sincère amitié.

J. Tourguéneff.

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