Полине Виардо - Письма 1862-1864 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

4(16) января 1864. Петербург

No 3

Saint-Pétersbourg.

Hôtel de France,

près du pont de police, No 50.

Samedi, ce 16/4, janvier.

Chère Madame Viardot, je suis arrivé ici il y a deux heures, fort bien portant, mais tombant de fatigue, j'ai eu une longue conversation avec Annenkoff et Botkine et je ne veux pas me coucher sans avoir commencé cette lettre, que j'achèverai et expédierai demain.

Dimanche soir, 17/5 janvier.

Je n'ai pas voulu vous envoyer cette lettre ce matin, car je n'aurai rien eu d'intéressant à vous dire - et je puis le faire maintenant. J'ai vu pas mal de monde et entr'autres le président de la commission du Sénat, qui doit me juger1 et Rubinstein, auquel j'ai remis votre lettre2.-- Les explications que j'ai eues avec le président sont de nature satisfaisante et j'ai lieu de croire que toute cette affaira aura un dénouement prompt et heureux.-- C'est après-demain midi que je dois me présenter au Sénat: je vous tiendrai au courant de tout ce qui m'arrivera3.-- L'affaire de l'album musical ira, je l'espère aussi, comme sur des roulettes; Rubinstein s'y prête de très bonne grâce: il a joué les 15 Nos et est resté fort content de tous et très frappé de plusieurs d'entr'eux: "Шёпот", "Тихая ночь", "Полуночные образы", "Цветок", "Мой голос", "Колыбельная песня", "Две розы" l'ont surtout ravi. Il doit m'aboucher avec son éditeur dès demain et nous allons battre le fer à tour de bras. Il se charge de corriger les épreuves et introduira quelques modifications dans l'ordre des pièces.-- Je n'ai pas besoin de vous dire que nous ne perdrons pas notre temps4.

Botkine m'a retenu deux bonnes chambres, où il fait très chaud - je voudrais qu'il fît aussi chaud dans le salon de Bade - mais je dois avouer que dès que je suis seul, je me sens pris par une grande tristesse... Je m'étais si bien fait à la douce et charmante vie que je menais à Bade... Il m'est impossible {Далее зачеркнуто: d'y} de ne pas y penser sans cesse - et l'impression de rêve, dont je vous parlais dans ma seconde lettre (envoyée de Königsberg, la première l'a été de Berlin) ne cesse pas. Je sens bien que je ne serai heureux et content que quand je retournerai dans ce bienheureux pays, où j'ai laissé la meilleure partie de mon être. Je vais commencer dès demain à attendre des lettres de vous - oh! qu'elles seront les bienvenues! Mon pied va bien - et aujourd'hui je ne me ressens plus du tout des fatigues de mon long voyage.

J'ai dîné avec Botkine, Annenkoff, le gros Khanikoff et un quatrième ancien ami5. J'ai passé la première partie de la soirée avec Rubinstein chez lui - et la seconde chez Annenkoff. Je me suis bien promis de ne voir que les vieux amis de l'avant-veille. J'irai demain chez la comtesse Lambert et chez Mr Tutchef.

Il y a beacoup de neige dans les rues - mais le temps est très doux - c'est à peine s'il gèle.-- On a donné ici "Faust" avec un grand succès: j'irai le voir mercredi6 et demain soir je vais à l'opéra russe de Mr Seroff ("Judith"). Cet ouvrage a beaucoup de succès aussi. Je vous dirai mon impression détaillée7. Ma lettre partira demain lundi: mercredi et vendredi il y en aura deux autres.

Mille bonnes amitiés à tout le monde en commenèant par Viardot, mille baisers aux enfants - et à vous le shake-hands le plus cordial avec les souvenirs les plus tendres.

Der Ihrige

J. Tourguéneff.

P. S. Faites savoir, s'il vous plaît, à Mme Anstett, que je suis arrivé et que je lui envoie mes amitiés.-- Informez-moi si la Klappe a été mise enfin.-- Combien de désirs avez-vous?

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