Полине Виардо - Письма 1862-1864 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

16, 17(28, 29) января 1864. Петербург

No 8

St. Pétersbourg.

Hôtel de France, n° 50.

Jeudi, ce 28/16 janv. 1864.

Theuerste Freundinn, voilà une bonne lettre et qui m'a rendu si content et si heureux! Mais vrai, je reste tout confus quand je vois qu'on a tant d'affection pour moi.-- J'ai presque envie de demander pardon,-- et je me sens si heureux! Merci, mille millions de fois merci!

Je n'ai pas bougé de la chambre toute la journée d'hier pour tâcher de "juguler" ma toux, comme disent les médecins, et je crois que cela m'a réussi - car aujourd'hui je vais très bien - je suis sorti.-- J'ai vu Mlle de Rahden - et j'ai eu une longue conversation avec la Grande Duchesse Hélène. Nous avons beaucoup parlé de vous. Elle ne comprend pas qu'on puisse habiter Bade pendant l'hiver - et moi je ne comprends pas qu'on puisse vivre ailleurs. Le soir, je suis allé au théâtre russe pour voir jouer une pièce d'Ostrofski. J'ai trouvé les acteurs et surtout les actrices détestables: des intonations fausses, des gestes faux.-- Le faux au théâtre me donne invariablement le désir de m'asseoir sous ma chaise1. J'ai reèu une lettre de Mme Innis et de Paulinette: l'affaire Pinet prend une tournure de plus en plus maillot rose. Je crois que je puis vous prier de prendre des informations sur ce monsieur: il est syndic des faillites.-- Oh! si tout pouvait s'arranger pour la fin du mois d'avril2! Quelle félicita!

J'espère que le n° 7 vous sera parvenu {Далее зачеркнуто: et}3 - je l'ai adressé à Leipzig à P V - berühmte San-gerin, zu erfragen im Gewandhaus4; je mets la même adresse à cette lettre-ci. Vous savez déjà maintenant que mes entrevues avec le Sénat ont cessé et que j'ai la liberté de repartir quand il me plaira5.-- Je crains que notre éditeur ne fasse le lambin6.-- Quant à mon oncle7, il sera ici le 5/17 février.

Vendredi matin 29/17.

Bonjour, meine liebste, theuerste Freundinn! Le froid est redevenu très vif,-- le ciel est bleu, la rue blanche. Je crains que vous n'ayez froid pendant vos pérégrinations. Prenez bien soin de vous, je vous en conjure. Le voyage à Brème surtout me paraît si lointain! - C'est après-demain que vous partez... Vous savez que je passe à Bade ou à Carlsruhe cinq jours, du 5 au 10 mars nouveau style.-- Qu'en dites-vous? puis, j'espère bien revenir à Bade vers la fin d'avril pour y rester indéfiniment... Qu'en dites-vous encore?

La revue, où ma petite machine que vous savez doit paraître, n'a pas encore reèu du ministre la permission de revivre: mais ce sera décidé l'un de ces jours, de faèon que l'impression ne pourra pas retarder mon départ8. S'il le faut, je confierai la correction des épreuves à mon vieil ami Annenkoff. Je crains que mon autre éditeur (celui des romances) ne me fasse plus d'embarras9. A propos de musique, j'ai prié Seroff de faire copier pour vous les morceaux les plus marquants de "Judith", et je vous les apporterai.

J'ai dîné dernièrement chez Mme Abaza (ci-devant Mlle Stubbe) - et elle m'a dit de vous saluer de sa part. Le bruit court ici que Rubinstein voudrait vous faire engager pour 10 représentations (d'"Orphée" et "Alceste")10.

J'espère que la santé de Viardot s'est remise; je lui écris demain. Un médecin très savant m'a dit que ces angoisses nocturnes ne sont jamais dangereuses, quoique assez pénibles. J'y ai été sujet pendant quelque temps.

Le n° 9 partira d'ici lundi11. En attendant, je vous prie de saluer de ma part la bonne Mme Flinsch. Je suis sûr que vous serez comme dans du coton dans sa maison. Je vous dis au revoir; je vous souhaite la meilleure santé du monde et je baise bien, bien, bien tendrement vos chères mains bien-aimées.

Der Ihrige

J. T.

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