Полине Тургеневой - Письма 1862-1864 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

4(16) февраля 1864. Петербург

St-Pétersbourg.

Mardi, 4/16 février 1864.

Hôtel de France.

Chère Paulinette, il faut pourtant que je tienne ma parole et que je t'écrive enfin cette lettre que je t'ai promise depuis si longtemps. J'en ai reèu deux ou trois de toi qui m'ont fait beaucoup de plaisir. Il me semble que tu commences à prendre la vie plus au sérieux et je serais on ne peut plus content, si je voyais disparaître tes autres petits défauts, que je n'ai pas besoin de nommer, car tu les connais tout aussi bien que moi. Autant que je puis lire entre les lignes, je crois pouvoir conclure que Mr P ne t'est pas tout à fait indifférent; mais vous avez très bien agi en arrêtant les choses jusqu'à mon retour qui ne saurait tarder: nous verrons alors ce qu'il y a à faire et s'il faut laisser subsister le status quo ou en sortir. J'avoue que je ne comprends pas bien ce qu'il peut y avoir de déshonorant dans l'état d'un syndic de faillite; pourtant, quoique je ne tienne pas du tout à ce que tu aies une position de grand monde - je ne voudrais pas t'en voir occuper une qui t'empêchât de fréquenter ta société habituelle sur un pied d'égalité1. Enfin nous verrons tout cela - et bientôt, je l'espère - car je compte bien retourner à Paris dans trois semaines au plus tard.

Quant au militaire dont a parlé Mme Delessert2, je crois que tu as eu raison dans tes répugnances. Mais j'ajoute, en thèse générale, que nous ne sommes pas à même de faire trop les difficiles - je veux dire - de repousser les gens uniquement en raison de l'habit qu'ils portent.

Je porte Mme Delessert et toute la famille Tourguéneff dans mon cœur pour toutes les bontés qu'ils te témoignent et je suis très peiné d'apprendre que la santé d'Albert ne s'améliore pas. Dis-leur mille choses de ma part. Mme Tourguéneff a-t-elle reèu ma lettre3? J'ai vu le cousin de Mr Joanne: Mr Duloup n'est pas encore arrivé.

Mme Olga Somoff demeure à Tsarskoïe Selo, près de Pétersbourg. En mettant cette adresse, tu peux être sûre que ta lettre arrivera à sa destination.

Je te recommande ton piano que tu as bien négligé depuis quelque temps. Quant à l'allemand, il paraît que tu as une espèce d'antipathie contre cette belle langue, car malgré tes aptitudes manifestes et ton application, tu trouves que tu ne fais pas de progrès. Il faut s'en consoler.

A bientôt, ma chère fillette, je t'embrasse bien tendrement.

Ton père

J. Tourguéneff.

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