Полине Виардо - Письма 1862-1864 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

21 марта (2 апреля) 1864. Париж

No 5

Paris,

rue de Rivoli, 210.

Samedi, 2 avril 64.

Chère et bonne Madame Viardot, j'ai loué un petit appartement à Passy, tout près de Mme Delessert et sur sa recommandation - pour mes deux damesl.-- Cet appartement est pris dès le 15 avril et elles y entrent le 1-er mai.-- Je serai obligé de le meubler - mais cette dépense était inévitable et les meubles pourront servir plus tard, s'il y a mariage2. Mme Delessert me donne bon espoir: - il paraît qu'elle a trois prétendants sur le tapis: j'aurais préféré un seul, mais bon.-- Enfin - nous verrons. Mme Delessert) voit beaucoup de monde, a des relations très étendues et s'est attachée à Pauline: tout cela peut mener à un bon résultat.-- Je le répète: nous verrons!

Je pense presque constamment à cette pauvre Louise, j'espère que vous m'écrirez immédiatement après l'événement3.-- Je comprends que d'ici là vous ne pouvez songer à autre chose. A propos, avez-vous revu Mr de Seldeneck à Carlsruhe? - Vous seriez bien aimable de m'envoyer un fragment d'un journal de Bade ou de Carlsruhe qui contiendrait un article sur "Orphée".

Nous sommes allés, Fridolin et moi, voir "L'Ami des Femmes" d'A. Dumas4.-- Il est impossible de voir une pièce aussi invraisemblable, aussi mal faite - et il faut le dire, aussi cynique, mais il y a beaucoup d'esprit - trop d'esprit - et c'est amusant.-- Mlle Delaporte est très bien dans le principal rôle: elle a beaucoup de talent et de naturel, Mlle Montelaud y montre aussi ses yeux invraisemblables avec des cils d'un kilomètre de longueur: les toilettes sont "renversantes", comme disent les gandins.

J'ai attrapé un assez gros rhume et je reste aujourd'hui tout le jour à la maison: je veux en profiter pour travailler à mon article sur Shakespeare5.-- Ecrivez-moi votre opinion sur le petit récit que je vous ai envoyé: mais il faut vous prévenir que jamais peut-être ce pauvre Delaveau ne m'a abîmé plus complètement6.-- J'ai porté hier à la "Revue des Deux Mondes" "Le Novice" - j'aurai une réponse dans deux ou trois jours7. J'ai reèu une lettre de mon éditeur de Carlsruhe8: tout est en ordre. Oh! Seigneur! quand reverrai-je le cher pont sur l'Oos et la route et la chère vallée... Patience!

Héritte est-il arrivé9? Les deux chiens ne se sont pas entredévorés? Et la Tonhalle10 pousse-t-elle? - Vous me parlez de neige... il n'y en a pas ici, mais la verdure ne vient guère. L'air est froid et maussade.

Mille amitiés à tout le monde, à commencer par Viardot; j'embrasse les enfants et vous baise les mains bien tendrement.

Der Ihrige

J. T.

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