Полине Тургеневой и Марии Иннис - Письма 1862-1864 - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

8(20) июня 1862. Спасское

Spasskoïé.

Се 8/20 juin 1862.

Me voici enfin arrivé ici, mes chères voyageuses - et mon contentement a été grand de trouver ici votre lettre de Florence. Je vois avec plaisir que votre voyage semble s'accomplir jusqu'à présent sous une heureuse étoile - et que vous vous trouvez bien dans cette famille italienne que je vous prie de saluer cordialement de ma part. Il faut espérer que tout continuera à bien marcher, que vous n'aurez pas trop chaud et qu'une fois réunis, nous n'aurons qu'à nous féliciter de la faèon dont nous aurons passé ces 4 mois de séparation.

J'ai trouvé ici tout mon monde1, à l'exception de mon oncle, qui est allé faire une excursion dans un de mes biens2 et que nous attendons aujourd'hui ou demain. Je ne suis pas arrivé seul. Botkine m'a accompagné. Il est très sensible à votre souvenir et vous fait dire mille choses. Sa santé s'est beaucoup améliorée. Je suis content de la mienne. Je n'ai pas encore eu le temps de bien examiner l'état de mes affaires - j'attends pour cela mon oncle - mais j'en ai assez vu pour me convaincre qu'il nous faut beaucoup - mais beaucoup - d'économie - much economy - molto (ou ta?) economia. Avis à une des lectrices.

La moitié italienne de ta lettre, ma chère Paulinette, m'a fait beaucoup de plaisir - je ne veux pas dire par là que je n'ai pas été content de la partie anglaise - je veux dire que je suis très enchanté de tes progrès. Je ne serais pas en état d'en faire seulement la moitié. Continue dans cette voie - et ce sera superbe. Vous avez très bien fait aussi de ne pas perdre de temps à prendre un piano. Je le répète, je vois avec plaisir que la vie à Florence s'annonce si bien. Tâchez d'en tirer le plus de profit possible. Malgré le tableau un peu sombre que vous en tracez, chère Madame Innis, tableau que je ne trouve pas exagéré, mais qui est la conséquence nécessaire de tout changement aussi radical, je suis sûr que rien ne viendra troubler votre repos3.

Adieu; sachez que vos lettres me feront toujours le plus grand plaisir et que j'y répondrai ponctuellement. J'embrasse ma chère fille bien tendrement, et je serre bien fort la main de Mme Innis. Portez-vous bien.

J. Tourguéneff.

P. S.-- Je vous préviens qu'il ne faut jamais s'inquiéter pour les lettres - ou plutôt pour le retard des lettres - la poste est très mal organisée dans ce pays. Votre lettre a mis 20 jours pour m'arriver!

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