Полине Виардо - Письма (Апрель 1864-декабрь 1865) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

6 (18) апреля 1864. Париж

No 17

Paris, rue de Rivoli, 210.

Lundi, 18 avril 1864.

Chère Madame Viardot, je me mets à table ce matin, on dirait que c'est pour manger, non, pour vous écrire (ce qui m'est bien plus agréable) - avec le cœur beaucoup plus tranquille que tous ces jours-ci et j'attends l'arrivée du domestique portant la lettre - avec impatience - avec une très grande impatience - mais sans appréhension.

Eh bien, il est rentré et m'a apporté deux lettres - mais rien de vous. Je comprends bien que vous avez eu autre chose à faire toute la journée d'hier - et puis la poste de Bade vient quelquefois plus tard... pourtant! J'étais bien avide des détails; et puis... enfin une lettre est toujours une excellente chose. Mais elle viendra peut-être encore.

Midi.

Hélas non, je vois qu'il faut en faire son deuil pour aujourd'hui. Ce sera pour demain.

J'ai passé la soirée d'hier chez Mme Scobeleff; j'y ai mené Monsieur Rudolphi, vous savez, ce jeune baryton allemand que je vous ai fait entendre une fois. Il a fait de grands progrès et désirerait se rendre en Italie. Mais il n'a pas d'argent, on va lui faire une collecte, etc. Il a fait une bonne impression1. Mme S avait invité une quinzaine de personnes, parmi lesquelles j'ai retrouvé des vieilles connaissances. Mme S a chanté - fort bien, ma foi: sa voix a beaucoup gagné en volume; elle prend les notes basses un peu de gorge. Elle ne rêve qu'à Bade et au bonheur de reprendre des leèons avec vous. Elle me donnera une lettre que je vous porterai. J'ai revu chez Mme S le long Wassiltchikoff2, qui m'a donné quelques détails très intéressants sur votre représentation d'"Orphée" à Carlsruhe3. Il faudrait envoyer à Pomey quelque article sur votre dernier concert: mais nous en parlerons à Bade.

Je compte toujours partir après-demain soir - ou jeudi matin au plus tard. Dieu! que c'est bon d'écrire cela, et que ce sera meilleur de le faire!

Pomey et moi, nous sommes allés avant-hier à l'Ambigu voir Frederick Lemaître dans "Le comte de Saulles"4. Ce vieux lion tout pelé a encore quelques beaux rugissements.-- Il a les joues boursouffiées à force d'être vieux - c' est triste à voir. La pièce elle-même est bonne; il y a des scènes originales et vraies: elle est d'un Monsieur Plouvier.

J'ai vu hier Schelle; il a paru très content de savoir {Далее зачеркнуто: que} les bonnes nouvelles que je lui ai données de Louise.

Vous recevrez cette lettre demain, écrivez-moi vite un mot de réponse, que je pourrai encore recevoir mercredi matin. Vous pouvez encore me donner des commissions. A propos, vous ne m'avez rien dit de Millet. Je pourrais encore lui transmettre votre désir5.

Nous dînons aujourd'hui avec Pomey et nous passons la soirée ensemble. C'est la soirée d'adieu.

Allons, au revoir dans trois jours, si Dios quiere! Mille choses à tout le monde; un shakehands bien cordial à vos chères mains.

Der Ihrige

J. T.

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