Полине Виардо - Письма (1866-июнь 1867) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

2(14) февраля 1867. Баден-Баден

No 4

Bade.

Schillerstrasse, 277.

Jeudi, ce 14 février 1867

(jour que j'avais fixé pour mon départ).

Chère Madame Viardot, cela va un peu mieux ce matin - mais je ne puis encore songer à sortir ou à marcher - et puis il y a eu déjà {déjà - вписано.} tant de ces améliorations, qui n'ont abouti à rien - que je n'ai "plus de confiance". Du reste le docteur vient de me déclarer, que maintenant il ne veut plus rien dire {dire - вписано.} de positif - et qu'il ne saurait affirmer que je puis partir d'ici dans six semaines1. Tout cela n'est pas gai - comme vous voyez - et je trouve la résignation, qui m'est forcément imposée - un breuvage assez amer. On vient me voir tous les jours de la maison - Berthe entre autres, qui se plaint d'être rudoyée par Louise à la suite d'observations sensées qu'elle en sa qualité de femme pleine d'expérience2 - lui aurait faites à propos de son petit qui, par parenthèse, a attrapé une forte grippe. Louise l'aurait envoyée promener en toutes lettres. J'ai conseillé à Berthe de rengainer ses "observations sensées" - vu que Louise ne manque jamais de faire exactement le contraire de ce qu'on lui conseille - et surtout {Далее зачеркнуто: de и вписано: quand on songe à} quand on songe à la faèon épilogueuse, sciante et tannante, qui distingue les moindres propos de Berthe.

L'affaire d'Héritte afflige beaucoup Viardot; sa nature mélancolique, mais placide et habituée au calme le plus profond ne peut se faire à cette préoccupation incessante; et Louise de son côté ne fait rien pour répandre un peu de baume sur la plaie qu'elle-même a faite3.

Je profite de mes loisirs involontaires pour travaille" avec rage: j'ai passé hier 11 heures - je dis onze heures - a écrire et j'ai fini ce récit bizarre dont je vous avais parle et qui a pris {pris - вписано.} des proportions plus considérables que je ne l'avais supposé d'abord4. Je vous le lirai: - naturellement - mais quand? où?.. Je suis capable de me mettre dès aujourd'hui même à un troisième récit5... pourvu que la besogne soit bonne et ne se ressente pas de l'infernale maladie qui me tient par la patte6.

On vient de me dire que vous avez envoyé un télégramme de Berlin pour annoncer votre retour de Breslau et le bon accueil que vous y avez trouvé avant-hier7. Cela ne m'étonne pas - mais je suis bien heureux de l'apprendre et avant-hier dans la soirée, je me suis amusé plusieurs fois à battre des mains - couché que j'étais sur mon canapé - et je m'associais de cette faèon aux applaudissements des habitants de Breslau.

On a reèu de bonnes nouvelles de Pomey - nous commencions à être inquiets pour Jeanne8.

Voici la seconde semaine de la séparation! Enfin - pourvu que vous soyez heureuse, contente et bien portante - tout le reste n'est pas grand-chose. J'embrasse la chère petite Didie, je dis mille choses aux amis - et je me mets à vos pieds - meine liebe, theuerste, angebetete Freundinn! Gott segne Sie tausendmal.

Der Ihrige

J. Tourguéneff.

Иван Тургенев.ру © 2009, Использование материалов возможно только с установкой ссылки на сайт