Гюставу Флоберу - Письма (Июнь 1867 - июнь 1868) - Мемуары и переписка- Тургенев Иван Сергеевич

14 (26) мая 1868. Баден-Баден

Bade.

Thiergartenstrasse, 3.

Ce 26 mai 1868.

Mon cher ami, Je vous remercie beaucoup d'avoir eu l'idée de m'écrire1. Votre lettre m'a fait un bien grand plaisir - parce qu'elle a renoué nos relations et parce qu'elle a fait voir que mon livre vous a plu2.

Il n'y a plus d'artiste par le temps qui court - qui ne soit doublé d'un critique. L'artiste est fort grand en vous - et vous savez combien je l'admire et je l'aime; mais j'ai aussi une haute idée du critique et je suis très heureux de son approbation. Je sais bien que votre amitié pour moi y est pour quelque chose: mais je sens qu'un maître s'est placé devant mon tableau, l'a regardé et a hoché la tête d'un air satisfait. Eh bien, cela m'a fait plaisir, je le répète.

J'ai bien regretté de ne vous avoir pas vu à Paris - je n'y suis resté que trois jours, et je regrette encore davantage que vous ne veniez pas à Bade cette année.-- Vous vous êtes attelle à votre roman3 - c'est bien - je l'attends avec la plus grande impatience - mais ne pourriez-vous pas vous donner quelques jours de repos - dont vos amis d'ici profiteraient? Depuis la première fois que je vous ai vu - (vous savez, dans une espèce d'auberge - de l'autre côté de la Seine)4 - je me suis pris d'une grande sympathie pour vous--il y a peu d'hommes, de Franèais surtout, avec lesquels je me sente si tranquillement à mon aise et si tvaille en même temps - il me semble que je pourrais causer avec vous des semaines entières - et puis nous sommes des taupes qui poussons notre sillon dans la même direction.

Tout ceci veut dire que je serais bien content de vous voir. Je pars pour la Russie dans une quinzaine de jours, mais je n'y resterai pas longtemps, et dès la fin de juillet je serai de retour - et j'irai à Paris pour y voir ma fille, qui m'aura probablement rendu grand-père à cette époque. Je serais homme à aller vous relancer jusque chez vous - si vous y êtes. Ou bien viendrez-vous à Paris? Mais il faut que je vous voie.

En attendant je vous souhaite bonne chance. La vérité vivante et humaine que vous poursuivez d'une étreinte infatigable - ne se laisse prendre que dans les bons jours. Vous en avez eu - vous en aurez encore - et beaucoup.

Portez-vous bien; je vous embrasse aussi moi - et avec une véritable amitié.

J. Tourguéneff.

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